Un voyage précis et émouvant dans l’histoire et l’intime, à travers les plaques commémoratives parisiennes de 1939 à 1945.
Plus de mille. Avec une équipe de photographes, le graphiste et typographe Philippe Apeloig a minutieusement répertorié les plaques commémoratives parisiennes de 1939-1945. Elles portent les noms des résistants de la première heure, comme Jacques Bonsergent, « fusillé le 23 décembre 1940 », ceux des gardiens de la paix tombés en libérant Paris, fin août 1944. Ceux des inconnus, telle Renée Lévy, « décapitée à la hache » par les nazis le 31 août 1943,et ceux des célébrités, dont le poète Robert Desnos, mort « parce qu’il était épris de liberté, de progrès et de justice ».
Chaque plaque a sa personnalité. Les capitales solennelles rendant hommage aux enfants juifs assassinés dans les camps contrastent avec les minuscules signalant le domicile de l’écrivain Romain Gary, compagnon de la Libération, 108, rue du Bac. Les fonds changent : murs de pierre haussmanniens, brique des quartiers populaires. La grande histoire – la première réunion du Conseil national de la Résistance, 48, rue du Four, le 27 mai 1943 – côtoie la tragédie personnelle.
Les grands-parents de Philippe Apeloig, fuyant les persécutions d’Europe centrale, avaient rejoint Paris en 1930. Ils ont survécu à la guerre cachés chez des paysans du Cher. Avec ce livre, émouvant comme un souvenir et précis comme un travail d’historien, leur petit-fils transmet « la mémoire de la mémoire ». Celle d’une époque où l’on pouvait mourir à tous les coins de rue.