La céramique, nouvelle obsession parisienne
by Yamina Benaï
www.l'officiel.com/PhilippeApeloigSèvres
La céramique, nouvelle obsession parisienne
Acmé du raffinement et de l’excellence artisanale à la française, la Manufacture de porcelaine de Sèvres décline, depuis 1740, la quintessence des arts de la table, objets de décoration et du design. Visionnaire, la vénérable maison a su évoluer au fil des décennies, invitant artistes et créateurs à réaliser des pièces qui enrichissent un patrimoine unique en son genre. En un geste vif, le graphiste Philippe Apeloig a ainsi joué des signes de ponctuation sur un service déjà culte, à découvrir dans l’espace parisien de la Manufacture.
A son actif, les logotypes et signalétiques du Théâtre du Châtelet, du Manifeste d’Hermès, du Musée Yves Saint Laurent de Marrakech, de l’Orient-Express, du Louvre Abu Dhabi… ainsi qu’une foule d’affiches inoubliables, manifestes de l’extrême finesse et modernité de sa vision. Dans le cadre de sa collaboration pour la Manufacture de Sèvres, Philippe Apeloig a puisé dans un vocabulaire lié au graphisme, en faisant usage du slash et du point. Slash très régulier et point étiré jusqu’à former un fétu de paille. A travers ce vocabulaire très naturel, on explore la nuit étoilée, le tourbillon de vent, le ballot de foin dispersé par le souffle. Là où on l’attendait sur le dessin de la lettre, Apeloig adopte un contre-pied qui, s’il réside dans le même champ sémantique, appelle une réflexion, une esthétique et une spatialisation autres.
Visions nocturnes noyées dans un bleu de Sèvres, dit “bleu nuit” ; envolées diurnes, posées sur un blanc immaculé ponctué d’or : deux voyages déclinés en cinq formats, sur lesquels l’illustration est adaptée. “Tourbillon”, “Galaxie” et “Paille”, les motifs élus par Apeloig, sont ainsi déclinés sur des formes en porcelaine appartenant au répertoire de la Manufacture. Pour créer le juste rythme, ces accumulations de signes de ponctuation jouent sur “l’approche”, terme qui, en typographie, désigne l’espace entre deux signes. Créant des variations, des ondulations… L’équilibre est atteint, en une épure entièrement contrôlée. “Je ne suis pas particulièrement favorable à l’opulence, j’apprécie l’idée de réduction, aussi j’ai opté, d’un côté, pour la porcelaine blanche, de l’autre pour la saturation de l’encre à l’aide de ce bleu emblématique de Sèvres”, indique Apeloig. Une teinte qui, ici, devient très puissante, magnétique dans sa profondeur soyeuse. Et qui, selon les lumières – naturelle ou artificielle –, révèle une multitude de nuances.
En quittant l’univers d’Apeloig, on ne manquera pas de rejoindre l’étage de la galerie pour admirer, parmi les pièces présentées, un vase merveilleux de Nendo. D’une blancheur parfaite, il est pourvu d’une branche de cerisier née à l’intérieur de l’objet, et qui s’épanouit sur ses parois extérieures, disséminant ses pétales, comme fixés par le souffle du vent. Mais aussi ce vase de Pierre Charpin, dont le fermoir amovible permet d’accueillir des bouquets de différentes tailles.
Par Yamina Benaï
La céramique, nouvelle obsession parisienne
Press, 29.06.2017
www.l'officiel.com/PhilippeApeloigSèvres